Le toucher qui nous relie à tous nos possibles
Imaginez que vous vous donnez soudain le droit d’être furieusement heureux. Oui, imaginez une seconde que vous n’êtes plus l’otage de vos peurs, que vous acceptez les vertiges de vos contradictions. Imaginez que vos désirs gouvernent désormais votre existence, que vous avez réappris à jouer, à vous couler dans l’instant présent. Imaginez que vous savez tout à coup être léger sans être jamais frivole. Imaginez que vous êtes résolument libre, que vous avez rompu avec le rôle asphyxiant que vous croyez devoir vous imposer en société. Vous avez quitté toute crainte d’être jugé. Imaginez que votre besoin de faire vivre tous les personnages imprévisibles qui sommeillent en vous soient enfin à l’ordre du jour. Imaginez que votre capacité d’émerveillement soit intacte, qu’un appétit tout neuf, virulent, éveille en vous mille désirs engourdis et autant d’espérances inassouvies. Imaginez que vous allez devenir assez sage pour être enfin imprudent. Imaginez que la traversée de vos gouffres ne vous inspire plus que de la joie.
Alexandre Jardin Le Zubial, éditio folio
Je retrouve ces mots éclairants en en-tête d’un livre auquel je tiens particulièrement : Le toucher, un art de la relation de Christian Hiéronimus. Un livre qui traite du toucher en général et surtout du toucher conscient qu’il enseigne et pratique. « Toujours nous serons touchés ou nous toucherons, malgré nous, dans ce que nous avons de plus authentique. Si ce respect et cette écoute habitent nos mains, le toucher devient un art de la relation. Ce qui risquait de n’être qu’une technique confortable devient un lieu de réparation où l’on panse ses blessures de la vie ; où l’on fait une halte ; un havre de paix où l’on se réconcilie avec le passé ; un temps où l’on vit des sensations paisibles ; une rencontre intérieure avec notre vérité, cette rivière douce où se désaltérer et puiser de nouvelles forces afin de vivre différemment nos chemins à venir. … Etre toucher doit permettre à notre corps d’exprimer sa véritable nature.»
Humblement, je m’inscris dans ce sillage avec un enthousiasme farouche dans tous les possibles de nos corps lorsqu’il devient notre compagnon de route. Un toucher révélateur et vivant pour cicatriser, réconcilier les blessures qui nous ont coupé de lui. Un chemin infini, certes… « Et pourtant, vivre un massage, c’est l’opportunité d’un retour à soi, doux, paisible, positif, sans challenge ni défi, dans le respect du rythme de chacun. »
Tout simplement, Merci, à tous ceux qui franchissent la porte d’entrée de leur corps à tous leurs possibles.